Bonjour à tous!
J’espère vous allez tous bien.
J’ai commencé mon stage débout Juillet. Je suis partie pour le Cameroun, et plus précisément pour Yaoundé. Là bas, j’ai fait la collecte de données demandée par l’organisation française pour laquelle je travaille, qui est le Centre national de la recherche scientifique. Plus exactement, mon travail et ma recherche s’inscrivent dans un projet de l’ANRS (Agence Nationale Recherche sur le SIDA).
Maintenant, je suis rentrée à Paris, où je m’occupe de faire l’analyse des données et d’écrire le rapport de mission. A partir de ça, j’écrierai, avec l’aide des autres chercheurs qui ont conduit la première partie de la recherche il y a un ans, les lignes guides à consigner au ministère de la santé camerounais pour chercher d’améliorer la prise en charge des malades de SIDA.
Ma recherche est centrée sur la prise en charge des enfants et des malades de deuxième ligne (ceux qui ont subi un échec thérapeutique et/ou qui présentent des résistances et pour lesquelles les ARV de première ligne ne marchent plus). En effet, l’analyse de la prise en charge de la première ligne a été fait il y a un ans par les autres chercheurs.
Dans ce contexte, je me suis occupée d’analyser comment ça marche la gestion des financements étrangers (qui pour les formulations pédiatriques et les ARV de deuxième ligne proviennent de la Fondation Clinton) et quels sont les impacts des financements verticaux sur la lutte contre le SIDA mais aussi sur la prise en charge des autres maladies. En outre, j’ai étudié la chaîne de distribution des médicaments, depuis le moment qu’ils sont consignés par la Fondation à un organisme du ministère jusqu’au moment qu’ils arrivent aux malades. Pour faire ça, j’ai interviewée tous les acteurs qui travaillent au long de cette chaîne.
De l’autre coté, j’ai analysé les résultats de la politique de décentralisation adoptée par le gouvernement il y a quelques années. J’ai donc parlé avec le personnel des structures de prise en charge.
Tous les entretiens se sont basées sur des questionnaires composés de questions ouvertes et fermées que moi même j’ai posé aux différentes acteurs (j’ai eu la chance de travailler dans un pays où il ne faut pas avoir un traducteur). En effet, je suis partie du questionnaire que j’avais préparé pour le cours du professeur Thomas Renaud mais à la fin, je me suis trouvée avec 8 types de questionnaire différentes, un pour chaque « typologie » d’acteur. Chaque questionnaire est composé de 30 à 50 questions. Heureusement, plusieurs questions sont subordonnées à la réponse positive ou négative donnée à une autre demande, donc effectivement je n’ai jamais posé la totalité des questions.
Ma recherche a eu lieu sur la région du Centre, qui comprenne Yaoundé, où se trouvent le ministère de la santé, le conseil national de lutte contre le SIDA (CNLS) et les autres structures directionnelles.
En outre, pour analyser l’impact de la distance sur la distribution des ARV et sur la prise en charge, j’ai étudié aussi la région du Sud.
Malheureusement, l’Est et l’Ouest n’étaient pas inclus dans les autorisations. Au Cameroun, tous est très contrôlés et sans l’accord du gouvernement on ne peut rien faire, surtout si on travaille pour un gros centre de recherche qui désire maintenir des bonnes relations avec le gouvernement.
Pour ce qui concerne le Nord, je n’ai pas pu y aller à cause des questions de sûreté et des problèmes de déplacement et de transport.
Donc ma recherche a été surtout qualitative, aussi pour ce qui concerne les structures de prise en charge. (Merci Marianne pour le conseil du livre. Je suis en train de le chercher ! En effet, je ne sais pas trop bien comment on fait l’analyse des données qualitatifs : est-ce que je peux mettre en annexe les résumés de tous mes questionnaires ? Est-ce que ça est utile ?)
Pour ce qui concerne les entretiens, j’ai rencontrés les problèmes typiques de pays en développement, et surtout de l’Afrique. Les horaires ne sont jamais effectifs et plusieurs heures de retard sont communes. Mais la chose plus amusante est qu’on commence parler du travail seulement après des heures de conversation sur l’état de santé de tous les membres de la famille de chacun des interlocuteurs (eh oui, ça n’importe pas si tu les connaisse ou non !), et les familles africaines sont très nombreuses… Quand même, ça suffit de se relaxer, et la chose peut se révéler aussi amusante !
L’autre problème est le fait que les personnes au pouvoir changent très rapidement. Donc, le directeur avec lequel on parle un jour, le mois après n’est plus le directeur, et le nouveau directeur aimera bien te donner des réponses qui sont l’opposé de celles données par le prédécesseur. C’est donc compliqué de comprendre où se trouve la vérité, s’il en existe une..
Quand même, le problème majeur est le fait que le Cameroun est un des pays plus corrompus au monde. Cependant, avec un peu d’attention, on peut chercher de limiter les inconvénients.
Pour ce qui concerne mon mémoire, comme je disais aux profs il y a quelque semaine, je me suis focalisée sur la question « est-ce que l’approche verticale adopté par le Cameroun est-il positif pour la lutte contre le SIDA ? ». En effet, entre les thèmes qui m’intéressent, c’est la question plus proche au travail que je suis en train de faire pour l’ANRS. En majorité, je peux utiliser les mêmes données collectées pour mon stage, même si naturellement j’ai du intégrer les questionnaires en ajoutant des questions plus spécifiques pour mon mémoire. En outre, pour pouvoir avoir une vision plus complète de la situation (en effet, mon stage prévoit de se limiter au secteur institutionnel), je me suis adressée aussi aux associations des patients, aux assistantes sociales et aux agents de relais communautaires. En effet, ils sont les acteurs plus adaptes pour découvrir quel sont les conséquences des choix politiques sur la vie et la prise en charge des malades. C’est à partir d’ici que je me suis intéressée aux problèmes des malades qui ne sont pas été résolu par les politiques adoptées : la stigmatisation, les perdues de vue et la chaîne de distribution informelle (donc le marché noir).
J’ai quand même quelque doute sur comment faire pour corréler ces problèmes à ma question de départ. En effet, tous ces problèmes, sauf la stigmatisation, résultent presque indépendantes de l’approche verticale adopté par le gouvernement, même s’ils sont corrélés avec les choix politiques.
Désolée pour ce post si long. J’espère vous ayez pu arriver jusqu’à la fin…
J’attends vos suggestions !
Bon travail à tous !
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Bonjour Simona!
RépondreSupprimerCa fait plaisir d'avoir de tes nouvelles et de voir que tout s'est bien passé.
J'ai juste une remarque concernant ta question de recherche "Est-ce que l'approche verticale adoptée par le Cameroun est positive pour la lutte contre le SIDA?"
(Je ne m'y connais pas du tout mais peut-être que ça va t'aider (on sait jamais!))
Je pense qu'avec cette question tu vas pouvoir intégrer les problèmes que tu as observés (les perdues de vue, la corruption..)
Mais peut-être tu devrais essayer de la préciser : quel sens donner à "positif"? est-ce que tu veux étudier l'effet de l'approche verticale sur la prévalence du SIDA? sur l'acheminement des médicaments? la prise en charge des malades? la qualité des soins? etc. Si tu précise ta question,ça sera peut-être plus facile pour toi d'y répondre - par un oui ou un non (avec bien sûr beaucoup de nuances j'imagine!)
Bon courage et à très bientôt!!!
Kim